Victimes civiles en Libye : les mensonges de l’OTAN
10 août 2011
Le jour où la coalition a bombardé la résidence de Khouildi Hamidi à Sorman, tuant treize civils dont une femme enceinte, quatre enfants et un bébé, l’OTAN a publié un communiqué de presse dans lequel elle justifiait son action. Investig’Action a analysé ce communiqué ainsi que la photo qui l’accompagne.
COMMUNIQUE – 20 juin 2011 : L’OTAN frappe un centre de commandement et de contrôle militaire
- FAUX : Nous nous sommes rendus sur place. Rien n’indique qu’il s’agissait d’une cible militaire. De plus, la veille des bombardements, toute la famille s’était réunie pour fêter un anniversaire. Qui, en temps de guerre, aurait l’idée de se réunir dans un centre de commandement militaire ?
- VRAI : Il s’agissait bien d’une « frappe de précision » : les huit roquettes ont entièrement détruit plusieurs bâtiments de la propriété tout en épargnant les maisons et la mosquée alentour.
- MAUVAISE FOI : Le lendemain des bombardements, la presse s’est rendue sur place et a constaté la mort d’une quinzaine de personnes, dont plusieurs enfants. Dès 12h00, plusieurs journaux ont révélé ces informations sur leurs sites web.
- VRAI et FAUX : La précision des bombardements laisse penser que l’OTAN avait un complice sur place pour lui fournir des renseignements ou placer des balises. Or, ce complice ne pouvait ignorer qu’une fête devait avoir lieu la veille de l’attaque. Aussi, en choisissant de bombarder à ce moment-là, l’OTAN a délibérément pris pour cible des « personnes spécifiques »
- NON-SENS : La cible n’étant pas militaire, sa destruction n’amoindrit pas les forces de Kadhafi. D’ailleurs, depuis l’attaque, des centaines de Libyens se réunissent chaque jour sur place pour exprimer leur soutien à la famille Hamidi. Serait-ce le cas si la cible était réellement un centre militaire impliqué dans une répression « barbare » ?
- FAUX : La résolution 1973 de l’ONU autorisait une intervention pour « protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque ». Le bombardement de la résidence de Hamidi à Sorman ne répond pas à un tel objectif.
L’OTAN prétend avoir bombardé un centre de commandement militaire. Comme unique preuve de la légitimé de la cible, elle a fourni cette photo du site, disant que les points blancs étaient des antennes paraboliques.
Voici une autre photo du village de Sorman, prise avec Google Earth. Il ne s’agit pas d’une luxueuse résidence comme celle de Hamidi mais de simples maisons. Néanmoins, leurs toits sont également couverts d’antennes paraboliques. S’agit-il pour autant de centres de commandement militaire ?
Avant de passer à l’acte, l’OTAN dit avoir procédé à « une analyse rigoureuse, basée sur une mission permanente de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et conduite sur une longue période ». Elle savait donc ce qu’elle faisait en bombardant la résidence de Hamidi alors que toute la famille y était réunie. Ainsi, c’est de façon délibérée que l’Alliance s’en est pris à des civils.
D’après les Libyens que nous avons rencontrés, il s’agit malheureusement d’une pratique habituelle de l’organisation. Voyant qu’elle s’embourbe dans un nouveau conflit, elle cherche sans doute à faire payer à la population libyenne le prix de sa résistance, pour la diviser ou la retourner contre Kadhafi. Quoi qu’il en soit, on ne voit pas en quoi, comme elle le prétend, son « approche est diamétralement opposée à celle du régime de Kadhafi ».
Voir le communiqué sur le site de l’OTANVoir aussi :VIDEO : Sarkozy, combien d’enfants as-tu tués cette nuit ?
Analyse en PDF
Source : michelcollon.info