Nouveau pouvoir ivoirien : Les vérités de Thabo MBeki
Pour mémoire, la Côte d’Ivoire a été déchirée en 2002 par une rébellion qui a coupé le pays en deux parties : une partie nord contrôlée par les forces rebelles regroupés au sein des Forces Nouvelles acquises à la cause de Alassane Ouattara et une partie sud aux mains du gouvernement dirigé par Laurent Gbagbo. Depuis lors, la Cote d’Ivoire s’est retrouvée avec deux gouvernements, deux administrations, deux armées, et deux leaders ‘’nationaux’’.
‘’Ces problèmes sont relatifs à des vols d’urnes, à l’arrestation des représentants des candidats, à des votes multiples, au refus d’accepter la supervision du décompte des voix par les observateurs internationaux et à l’assassinat des représentants des candidats. Eu égard à tous ces faits, nous déclarons par la présente que le second tour des élections n’a été ni libre, ni juste encore moins transparente dans ces localités du nord.’’
C’est cela qui, en dernier ressort, justifie l’usage éhonté par l’ONUCI de son potentiel militaire pour ouvrir la voie aux Forces Nouvelles qui ont ainsi vaincu les forces de Gbagbo et ont réussi à le capturer sous l’impudique prétexte qu’elles agissaient dans le sens de la protection des civils.
Ni l’ONUCI encore moins la Force française Licorne, conformément au mandat à elles fixées par les Nations Unies, n’ont aucunement protégé les populations civiles dans la région de Duékoué, où, à l’évidence, le plus grand massacre de civils a eu lieu !
La communauté internationale a refusé de procéder à la vérification du processus électoral et a proclamé les résultats, ce, en dépit des fortes allégations de fraude électorale. Une telle attitude laisse sans réponse la question cruciale du véritable vainqueur des élections, ce que Ouattara aurait dû faire.
Aussi tragique qu’ils ont été, les événements survenus en Côte d’Ivoire creusent davantage le fossé béant du conflit endémique qui sévit dans le pays. Cela se doit au fait que le pays a fait confiance à la rébellion manquée de 2002 en lui confiant le pouvoir de décider du futur du pays alors que la situation objective imposait et impose que le peuple ivoirien, dans toutes ses composantes, s’engage dans la détermination de leur destin commun.Gbagbo, au cours de la décennie durant laquelle il a dirigé la Côte d’Ivoire en tant que président, n’avait eu aucune possibilité d’agir comme de raison pour réunifier le pays et le réconcilier à travers toutes ses composantes en dépit de l’existence d’accords négociés dans ce sens. En dirigeant lui aussi la Côte d’Ivoire en tant que président, Ouattara ne pourra point atteindre ces objectifs, comme de raison, en dehors du cadre d’un accord honnête, sérieux, conclu avec les sections de la population ivoirienne représentée par Gbagbo.Ce qui devait arriver a été prédit par l’ambassadeur des Etats Unis en Côte d’Ivoire d’alors, Wanda L. Nesbit qui en juillet 2009 conseillait le gouvernement américain en ces termes :
Le fait que les ‘’conditions préalables à l’organisation des élections’’ n’aient pas pu être mises en place augurait de sa finalité. Le ‘’contrôle’’ du nord par les forces rebelles dont a fait mention l’ambassadeur Nesbitt préfigurait l’issue des élections présidentielles de 2010.Similairement, il a été fait usage de la ‘’puissance militaire’’ de la rébellion, que l’ambassadeur Nesbitt a mentionnée, pour asseoir la victoire de Ouattara en tant que président de la Côte d’Ivoire. C’est donc à juste titre qu’au plus fort de la crise postélectorale, Laurent Gbagbo s’est écrié : «On m’a trahi!» En fin de compte, cette crise a fait un grand nombre de victimes. Il y a en premier chef l’Union Africaine. Les événements tragiques survenus en Côte d’Ivoire ont confirmé la marginalisation de cette Union quant à son aptitude à venir à bout des plus grands défis auxquels l’Afrique se trouve aujourd’hui confrontée. Bien au contraire, l’UA a ainsi plutôt légitimé l’intervention et l’aptitude de ces grandes puissances à relever lesdits défis en faisant usage de leurs différentes forces militaires pour légitimer leurs actions de persuasion des Nations Unies à autoriser leurs propres interventions égoïstes en Afrique.