Sarkozy va-t-il évincer Paul Biya en douce ?
Sarkozy va-t-il évincer Paul Biya en douce ?
C’est dans une telle atmosphère qu’il faut prendre sérieusement l’article ci-dessous, signé par l’AFP.
Car, souvenons-nous que parmi la presse occidentale qui amplifiait la propagande de la « communauté internationale », il y a l’Agence France Presse qui était le principal fournisseur des informations, essentiellement fausses, au médias. Ces rumeurs et fausses informations étaient utilisées par l’ONU pour rédiger des résolutions du Conseil de Sécurité et parfaire l’acceptation mondiale du coup d’Etat contre Laurent Gbagbo.
Nous ne nous souvenons pas qu’une seule fois dans cette crise ivoirienne, AFP ait jamais porté la moindre critique, la moindre information qui eût exposé le rôle néfaste et criminel que Nicolas Sarkozy a joué dans le massacre de milliers d’Ivoiriens pour installer Alassane Ouattara au pouvoir.
Que cette AFP soit aujourd’hui entrain d’écrire l’article ci-dessous, que l’on croirait facilement sorti de notre plume ou celle de toute autre personne qui dénonce les crimes et abus du régime Biya depuis près de trois décennies, ceci tombe aujourd’hui comme la plus surprenante des choses.
Car, au moment où depuis le début des années 1990 nous commencions l’expérience du journalisme d’investigations au Cameroun (sur les colonnes des journaux La nouvelle Expression et Le Nouvel Indépendant) comme outil de mise à nue des crimes et malversations du régime en place, nous ne savions pas que plus tard Paul Biya, qui jusque là se réfugiait à chaque fois derrière l’argument de manque des preuves et laissait ainsi l’impunité se perpétuer, allait aussitôt créer une « Opération épervier » lorsque la France et la « communauté internationale » lui avaient demandé d’arranger justement ce que nous dénoncions depuis tant d’années, et qui nous a valu deux emprisonnements à Kondengui, deux procès pour « Outrage au Chef de l’Etat et incitation à la révolte », les tentatives d’assassinat, et enfin la contrainte à l’exil.
Cela ne nous surprendrait donc pas que Nicolas Sarkozy, à travers ce curieux article de l’AFP, soit entrain de mettre en place le remplacement de Paul Biya.
Mais tel que ceci semble se préparer en lisant entre les lignes de cet article, le remplacement de Paul Biya s’opérera comme en Côte d’Ivoire à la grande déception du peuple camerounais qui, lui, demande la fin de la malédiction qu’est le régime néocolonial.
En effet, le fait que cet article de l’AFP met tellement d’accent sur le fameux G11, qui jusqu’ici le présentait comme un groupe nébuleux et certainement irréel, indique où Sarkozy compte aller sortir le candidat de la prochaine élection présidentielle sans Paul Biya.
Sarkozy compte remplacer Paul Biya par un membre du G11, qui trompera facilement les Camerounais en se présentant comme un individu farouchement opposé à Paul Biya, alors qu’en réalité toute cette affaire d’« Opération épervier » n’aura été qu’une stratégie française pour remplacer « pacifiquement » un homme fantoche de la France par un autre homme fantoche de la France à la tête de l’Etat du Cameroun.
Sarkozy compte de la sorte tromper le peuple camerounais à qui sera miroité un faux Changement, que soutiendrait son ami Barrack Obama, pendant que Paul Biya prendrait en toute impunité une retraite tranquille.
Ce choix historique consiste à soit accepter la solution française de remplacer Biya par un autre Biya et de maintenir le Cameroun dans sa malédiction actuelle, soit de rejeter complètement la France dans la décision de son sort et d’exorciser cette malédiction française à travers un programme de changement politique et social profond approuvé par ce peuple lui-même.
L’un ou l’autre choix est porteur du risque de violence.
Car la solution de Sarkozy risque de radicaliser la « grogne sociale », la véritable qui s’exprime dans nos rues de misère et qui avait éclaté spontanément en février 2008.
On sait très bien que cette grogne est principalement dirigée contre deux ennemis essentiels : le régime de Paul Biya, et son soutien extérieur qu’est la France.
Le peuple camerounais est l’un des plus instruits politiquement du monde. Il sait donc clairement qui sont ses ennemis.
Le discours que le régime Biya véhicule actuellement c’est celui selon lequel, la majorité des Camerounais demandent tout simplement la paix, c’est pour cela que le peuple aurait rejeté les appels aux manifestations en février derniers. Alors qu’en réalité le régime avait sorti toute son artillerie de terreur pour étouffer ces manifestations.
En réalité, le régime et la France préparent déjà les esprits des Camerounais à accepter cette solution de la France de remplacer Biya par un autre Biya. Ils laissent croire qu’au regard de la barbarie que Sarkozy a installée en Côte d’Ivoire, le plus important pour le Camerounais serait la paix avec la France, et non pas le chômage, la pauvreté, les détournements des fonds publics, la corruption, la terreur gouvernementale, l’insécurité et d’autres maux que nos populations veulent actuellement voir disparaître.
La solution du rejet de la France et du refus de tout remplacement de Biya par un autre pion de la France, cette solution du patriotisme et de l’indépendance du Cameroun, aura automatiquement comme adversaires la France, son régime fantoche de Paul Biya et son appareil de répression. Ce sera la solution de la résistance et de la libération, qu’une véritable communauté internationale devra soutenir.
Car le Cameroun n’est pas la Côte d’Ivoire. Les Patriotes camerounais doivent œuvrer dès maintenant pour qu’il en soit ainsi.
Cameroun : les nerfs à fleur de peau
Source:
http://africanindependent.com